dimanche 7 mars 2010

Pour une fois que Lizzie se cultive...

Vendredi, après-midi très culturel dans mon établissement: nous accueillions une troupe de danseurs professionnels qui, entre autre, donnait un spectacle pour les plus jeunes. En bonne enseignante transdisciplinaire j'avais déjà prévenu mes élèves qu'ils auraient un travail écrit à faire dessus.

Comme quoi parfois, faut fermer sa g*** et éviter d'avoir des idées de génie... retour sur spectacle.

Préambule: ma nièce de 10 ans a l'adresse de ce blog, car elle découvre le digi. Alors ma puce, tu ne lis pas ce billet! INTERDIT ou je le dis à ta mère... qui me tue. Tu ne veux pas avoir la mort de Tatan Scrap sur la conscience, non?

Ambiance décor minimaliste moderne, un danseur et une danseuse. Musique tellement moderne qu'à mon avis elle s'écoute en 2030. Gestuelle maitrisée, mais désolée, les basses poussées à fond me donnent mal au cœur, je suis la seule adulte debout parce que je couve de mon apaisante et collante présence une élève à garder à l'œil, aux deux yeux, avec option scotch et menottes, et donc j'ai mal aux pieds, et je suis absolument insensible à l'art de la danse. Avec un ballet classique j'ai moins mal au cœur et je me console en lorgnant les costumes. Là... je garde l'air absorbé de mise, mais je zieute les réactions des gosses et des autres adultes, en me livrant à des paris gagnés d'avance sur qui aime et qui attend la fin gentiment.

Les danseurs se livrent à un corps à corps très artistique et maîtrisé juste devant nous. A ce moment j'ai déjà trouvé et abandonné trois sens possibles à leur chorégraphie, et laissé tomber. Ils sont tellement proches que je ne peux m'empêcher d'admirer leur plastique: tout du muscle, mazette, ça représente combien d'heures de travail par jour???? J'admire la discipline des danseurs, comme on admire les étoiles ou la lune: avec la certitude absolue qu'on n'y mettra jamais les pieds.

Donc j'admire tous ces muscles quand soudain j'en vois un qui, j'ose l'affirmer, ne devait pas figurer au programme. Perplexe, je fais un examen de conscience rapide en regardant le public. Dois-je précipiter mon rendez-vous chez l'ophtalmo? Voir un psy? La foule reste impassible, une seule façon d'en avoir le cœur net: regarder attentivement.

Voilà un bon moyen d'intéresser le profane à l'art, c'est moi qui vous le dis.

J'ai été assez vite rassurée sur ma vision diurne et ma psyché devant l'angle absolument indiscutable du muscle en question. Ont suivi un certain nombre de questions pas très métaphysiques sur les raisons de cette forme olympique. Les corps à corps avec sa plus que charmante partenaire? Une réaction musculaire à l'effort? La prise de stimulants plus ou moins autorisés? Une rétention d'éternuements? Le fait était que l'élastique du pantalon en arrivait à s'écarter. Plus que jamais intéressée j'ai scruté avec attention le visage du danseur. Super pro, hyper concentré voire trop, et peut-être vachement content d'avoir le visage recouvert de blanc. Je spécule...

Les problèmes sont arrivés à la fin du spectacle, quand la situation s'est maintenue à l'identique. Quelle forme tout de même ces artistes! Le journal était venu faire des photos. Évidemment le groupe à photographier s'est posté juste devant nous, dans tout un gymnase il fallait choisir cet endroit là et aucun autre! Me voilà donc à croupeton derrière les chaises de mes élèves pour éviter qu'on ne m'aperçoive, et ayant bien du mal à retenir mon hilarité en imaginant la photo dans le journal, le couple de danseurs à l'honneur bien devant.

Mais le pire était à venir... Vous vous souvenez sans doute de l'élève que je surveillais? Elle se retourne et me demande, mi hilare mi angélique, le genre d'expression absolument indéchiffrable chez une ado:
"Madame, c'est quoi la bosse qu'il a devant? Vous avez vu? Il a une bosse devant! Vous avez vu???"

Euh... oui, je n'ai même retenu que ça du spectacle, craignant bien cette question précise. J'espérais y échapper, mais quand c'est visible, c'est visible.

Que faire... ils vont devoir écrire des haïkus (poèmes courts sans rimes, japonais) sur le spectacle. Je leur ai demandé de noter le soir même leurs émotions, sensations, et ce qu'ils avaient retenu du spectacle. S'ils en ont retenu la même chose que moi, ça va pas être triste la poésie japonaise!

Et pour le pot offert à la troupe juste après et que j'ai décliné, désolée, mais je n'aurais pu le regarder ni dans les yeux (j'ai pas du blanc sur la figure, moi!) ni ailleurs (oui, contrairement aux apparences je suis bien élevée), mais avant de partir j'ai glissé la question de mon ado aux collègues restantes. Ecarquillements d'œils à la chaine: soit elles ont des soucis de vision, soit elles jouent plutôt bien la comédie. N'empêche que mon seul regret est de ne pas être restée après le leur avoir dit... 

2 commentaires:

  1. j'ai encore bien ri en imaginant le spectacle :-D (la musique bonne pr 2030...aussi) :-D j'imagine les commentaires...surtout si tes élèves sont des ados naissant!! lol !!!!

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  2. Je viens de passer plus de 2 heures (ou 2 heures de plus, je ne sais plus) sur ton blog (oh lala, c'est pas raisonnable, il fait si beau dehors aujourd'hui) et je n'en reviens toujours pas. Je trouvais déjà tes créations sublimes, mais tes textes sont à savourer avec tout autant de plaisir. Par contre, la ou tu te trompes, c'est que même si ta nièce venait à lire tes exploits dans le domaine de la culture, je ne te tuerai pas pour autant (enfin ... attendons de voir si elle me demande des précisions ;-) ) ... je t'adore trop pour ça.
    Signé : 1 de tbsp.
    PS : Et qu'est ce que ça donne sur la photo du DL ?

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